Après le trajet Ekaterinbourg-Irkoutsk, celui jusqu’à Oulan-Bator faisait petit joueur avec seulement 2 nuits et 1 journée. Nous restions perplexes à l’idée de découvrir notre wagon car de prima bord il semblait encore plus vieux que lors de la précédente liaison…

En rentrant dans le compartiment, on avait droit à une jolie nappe à franges assortie aux couvre-lits dans un très joli motif. Nous qui trouvions que la déco intérieure manquait de kitsch, là, on en a eu… un peu ! Il y avait également d’épaisses couvertures rouges et des matelas verts à disposer sur la banquette pour améliorer le confort tout de même assez relatif de la configuration nuit. Dans le couloir, il y avait également un très beau et très ancien tapis qui donnait la touche finale à cet intérieur d’un autre temps. Bien que le tout semblait assez vieux, le wagon et le compartiment paraissaient bien plus propres que lors du trajet Ekaterinbourg-Irkoutsk. Dans les toilettes, ça ne donnait toujours pas envie de s’asseoir dessus mais ils étaient briqués du sol au plafond !

Ce n’est que bien plus tard que nous avons compris pourquoi… la contrôleuse était une maniaque et elle a passé tout le trajet à nettoyer son wagon : les sols, les rideaux, les stores, les parois… même les marches de l’escalier en métal qui permet de descendre sur le quai !!
Dès le départ du train, nous avons fait la connaissance d’Astrid et Bruno, un couple de belges, en voyage pour 6 mois vers de nombreuses destinations communes à notre itinéraire. Ce n’était pas la première fois qu’ils partaient barouder et ainsi les jeunes novices en la matière que nous sommes ont pu apprendre de leur expérience. Leur parcours en Russie était similaire au nôtre à l’exception d’Ekaterinbourg et nous avons pu échanger nos impressions sur les villes visitées autour de plusieurs verres de vodka agrémentés de quelques pistaches. On a ensuite abordé les différents pays à venir et nous étions assez admiratifs de leurs précédentes aventures dans chacun d’eux. Ils sont bien plus téméraires que nous… On a quand même réussi à se faire remarquer par la Police volante quand elle a vous les bouteilles sur la tablette ; les policiers ont hurlé un truc qu’on a traduit par « planquez-moi ça ou je vous les confisque » à moins que ce ne soit « je peux en avoir une lichette » !!

Mais voilà exactement une situation concrète que j’ai pu lire dans beaucoup de blogs : rencontrer et discuter avec des gens sympas, se raconter un peu nos vies et échanger plein d’infos sur les différentes destinations. Bruno m’a filé plus de 60 guides en pdf qu’il a trouvé sur Internet, nous évitant ainsi de les acheter ! C’est vraiment l’idée que nous nous faisions des rencontres avec les autres voyageurs et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres…

Arrivés à la frontière entre la Russie et la Mongolie, nous avons dû patienter 4h le temps que les douanes vérifient nos passeports………… et mettent un tampon sur nos visas. On avait le choix entre rester dans le wagon mais sans possibilité d’aller aux toilettes ou patienter 4h sur le quai avec accès au WC contre 10 roubles (ça fait cher le pipi mais la grosse commission est bon marché, surtout si on compare aux 1,50€ du Printemps Haussmann) ! Heureusement il y avait du soleil et nous avions nos baroudeurs belges pour nous tenir compagnie. Adèle n’avait pas oublié de prendre le fond de vodka de la veille pour nous donner du courage et de la chaleur… Finalement, on comprend assez bien pourquoi il existe un problème d’alcoolisme en Russie : quand tu as froid tu bois, ça passe mieux et ça réchauffe !!! A ce sujet, Astrid et Bruno nous racontaient qu’ils ont vu un conducteur de l’un de leur précédent train complétement bourré  à tel point qu’il a dû être évacué !
Pendant 4h, on a assisté à un étrange manège : notre wagon n’a cessé de faire des aller-retour entre la gare de triage et le quai. On l’a vu partir tracté par une locomotive, tout seul, on l’a vu revenir, seul. Puis repartir, toujours seul et revenir, encore seul. La locomotive s’est détachée du wagon pour parcourir 20 m, attendre, pour se raccrocher ! Il est à nouveau reparti pour revenir sur une autre voie et enfin la locomotive a greffé 5 autres wagons avant qu’une autre locomotive prenne place devant pour prendre enfin le départ, quel cirque !!!

On a pu remonter dans notre wagon que la contrôleuse a continué à briquer pendant quasiment toute la durée de l’arrêt et ce fut un autre cirque tout aussi ridicule que les aller-retour du wagon : le ballet des douaniers russes. A tour de rôle, 6 personnes au minimum se sont succédées dans notre compartiment avec chacun une mission des plus précises :

  • contrôle passeports et visas
  • contrôle du compartiment pour checker si personne n’était caché sous la banquette, sur le lit supérieur ou dans le coffre à bagages
  • passage du chien pour détecter la drogue
  • re-contrôle du compartiment au cas où on avait eu le temps de planquer un passager clandestin entre le contrôle du chien et le précédent douanier
  • contrôle des bagages
  • déclaration en douane où une gentille dame mais avec un physique handicapant pour travailler dans un train nous a demandé si on avait des armes, de la drogue (« bah oui ma cocotte, le chien l’a pas trouvée mais on va te le dire à toi parce que t’es sympa »), des bijoux et enfin des valises d’argent (provenant de la vente de la came) ???

A part le gars du contrôle passeport qui a essayé de parler français et semblait sympa (pour un douanier !!!), les autres n’ont pas pipé mot et se sont exécutés avec une efficacité toute relative et nous avons de gros doutes quant à leurs statistiques d’interpellation.

La frontière enfin passée, nous avons eu un nouvel arrêt de près de 3h pour………… exactement la même chose !!!!! Sauf que cette fois, on a eu le droit de rester dans le wagon. Et rebelote, nouveau ballet des douaniers mais mongols cette fois, beaucoup moins sympas surtout le chef avec le képi qui était plutôt « boulot-boulot ». Ils ont effectuées exactement les mêmes contrôles, les passeports, le coffre à bagages, la banquette, le lit, le chien … mais celui du 2ème contrôle bagage n’a pas aimé ma tête (de plus que lui) et m’a fait déballer mon sac à dos, ENTIEREMENT, enfoiré !! Il s’est un peu attardé sur la trousse à médicaments mais sinon le reste du contrôle était totalement bidon, car autant il a voulu que j’ouvre ma petite pochette de sous-vêtements mais n’a même pas jeté un œil dans le plus gros des sacs de compression dans lequel j’aurai pu planquer largement plus de choses illicites qu’entre mes chaussettes et mes boxers !!

Un étrange gars est ensuite venu avec une mystérieuse sacoche noire, il nous a demandé de nous asseoir sur la banquette, on aurait pu le prendre pour un toubib et dans ma tête je cherchai déjà quel type de contrôle cet énergumène était susceptible de pratiquer ! Mais finalement il a sorti de son cartable usé un encreur et un tampon qu’il a apposé avec fermeté sur le verso la déclaration en douane, aussi vierge que celle des Russes. Par contre les bagages d’Adèle n’ont jamais été ouverts ou contrôlés donc « amis passeurs » si vous avez un truc louche à planquer, mettez-le dans le sac de votre bonnefemme en le choisissant rose ou violet, enfin un truc qui fait bien nana ! Les contrôles sont enfin terminés et on a pu passer à l’apéro et au dîner. Astrid et Bruno nous ont ensuite rejoints pour finir la soirée et les bouteilles…

Voilà un voyage qui était bien agréable et qui excepté les temps d’attente à la frontière, est finalement passé assez vite. Adèle et moi commençons à nous faire aux vieux trains décrépis et aux trajets de plusieurs jours. On a notre organisation, notre rangement à l’intérieur du compartiment, on fait nos petites courses avant le départ pour notre « tambouille » quand il n’y a pas de wagon-restaurant, on est rôdé désormais………… et on aime ça !