14/1-17/2.
La dernière fois qu’on a longé la côte Pacifique, c’était en septembre dernier en empruntant la Pacific Coast Highway, pour monter de Los Angeles à San Francisco (voir article). Sauf que les routes costariciennes qui s’enfoncent dans la jungle n’ont rien à voir avec les parfaits rubans bitumeux qui longent les plus beaux rivages de la Californie !


Cette fois, on a pris notre temps pour séjourner dans plusieurs bourgades parfois à peine séparées d’une vingtaine de km les unes des autres ! C’est presque du slow travel ! A la différence de notre TDM, il ne s’agit plus de voir un maximum de points d’intérêts mais davantage de rester entre 3 à 7 jours dans le même coin pour apprécier pleinement les lieux et faire quelques connaissances.

Le Costa Rica a beau être un petit pays, les paysages et le climat sont assez variés. Evidemment sur cette côte Pacifique, on retrouve l’océan et ses plages qui se succèdent sans fin. Elles ont toute une ambiance particulière et il suffit d’y fouler le sable pendant une dizaine de minutes pour s’en rendre compte. Certaines s’étendent sur des km et le vent ainsi que les embruns empêchent d’en voir le bout ! D’autres sont de minuscules petites criques encerclées de falaises et de rochers ou encore sont percées par l’écoulement d’un rio qui vient se jeter dans les flots à contre courant. La houle est elle aussi spécifique à chaque coin allant de la mer d’huile aux rouleaux de 3m déchaînés pour le plus grand plaisir des surfeurs expérimentés.

Et derrière ces plages il y a toujours un village plus ou moins grand mais à l’ambiance tout aussi particulière.

Uvita
A force d’en parler avec des expats ou d’autres voyageurs, on imaginait Uvita beaucoup plus grand !! Il n’y a qu’une courte rangée de bâtisses qui borde la Costanera Sur, une route large à double sens où il n’est pas rare de croiser des camions qui rejoignent le Panama. Mais on y trouve l’essentiel, un supermarché, une banque et quelques petits commerces et bars. Des pistes perpendiculaires rejoignent le rivage ou à l’opposé, grimpent dans les collines luxuriantes. C’est sur ces hauteurs à environ 2 km qu’on retrouve notre hostelqui a la particularité d’être situé à 5 min de marche d’une cascade. Cette dernière offre une piscine naturelle avec une eau assez fraîche mais qui est bien agréable dans la moiteur ambiante. La cascade d’environ 8 m de haut est l’attraction du village car l’eau a suffisamment érodé la roche pour en faire un toboggan. Ça cogne un peu les hanches et le coccyx mais rien de bien méchant !
Mais le vrai point d’intérêt d’Uvita est le Parque Nacional Marino Ballena ultra fameux pour l’observation des dauphins, des baleines et des oiseaux. Vu du ciel à marée basse, le banc de sable de Punta Uvita prend la forme d’une queue de baleine. Quatre plages se succèdent dont l’accès est à chaque fois payant. Mais plus au sud, on peut accéder au bandeau quasi infini de sable doré via différents restaurants installés sur le rivage et de remonter vers le nord. On ne tarde pas à entendre les singes et diverses espèces d’oiseaux. Les crabes sous nos pieds ne sont pas plus farouches et une fois n’est pas coutume, on y attend le coucher de soleil pratiquement seul au monde !
L’hostel Cascada Verde est une très bonne adresse pour les backpackers. Tenu par un couple d’Allemands charmant, on y trouve des dortoirs, des chambres privatives et semi privatives. Il faut aimer une certaine promiscuité mais l’endroit a du charme et il y a une ambiance très sympathique. Plusieurs bénévoles sont là pour aider le couple à tenir la boutique et on peut suivre un cours de yoga tous les matins.

Dominical
Ce village encore plus petit qu’Uvita n’est qu’à 17 km plus au nord. Mais c’est l’un des spots de surf les plus réputés au Costa Rica et c’est une raison suffisante pour y passer quelques nuits. Niveau hébergement, on change radicalement d’ambiance car Adèle a déniché une énorme et superbe villa qui dispose d’une piscine à débordement sur le Pacifique. Le propriétaire américain la loue d’habitude pour des retraites et fêtes familiales à 5000$ la semaine ! Mais depuis peu, les 9 chambres sont disponibles individuellement sur Airbnb à partir de 40$ la nuit.
La plage de Dominicaln’est pas la plus belle du pays et c’est bien la première fois qu’on voit des galets ! Mais il y a plein de petits stands faits de bric et de broc tenus par des locaux qui vendent nonchalamment bracelets, paréos et autres noix de coco fraîches. On baigne dans une ambiance détendue et bien agréable.
Question surf, les vagues sont bien au rendez-vous et pas vraiment appropriées aux débutants. Il faut avoir un peu d’endurance et de la force dans les bras pour réussir à franchir la barre !
Heureusement un peu plus au sud, les vagues sont plus petites à la plage de… Domincalito, ça ne s’invente pas !!
Au nord-est dans les terres, sur la route de San Isidro, on trouve les Cataratas Nauyaca. On quitte la voie principale pour s’enfoncer dans la jungle en empruntant une piste assez raide jusqu’au parking. De là, un sentier de 4 km mène à 2 ensembles de chutes d’eau de 20 et 45 m. On peut y accéder à pied contre 8$ ou opter pour une randonnée à cheval organisée par les propriétaires qui débute à 8h et se termine vers 14h après un déjeuner inclus dans la formule (80$).
Les plus téméraires escaladent la paroi glissante jusqu’à mi hauteur voire au 3/4 de la plus petite des chutes pour un grand plongeon. Il y a un peu de monde mais à la mi-journée quand le groupe à cheval s’en va déjeuner, on peut tranquillement prendre des photos ou lézarder sur les rochers, les pieds dans l’eau (fraîche).
Quepos
A la base, cette ville n’a pas vraiment d’intérêt si ce n’est son terminal de bus et le petit marché où l’on peut manger un ceviche en attendant sa correspondance.
Mais Quepos est à 7 km de l’un des parcs les plus connus du Costa Rica, le Parque Nacional Manuel Antonio. La route bitumée qui y mène est des plus exploitées, enchaînant les restaurants, les hôtels et les “gentlemen club“ et se finit en impasse. Du fait de sa réputation, l’endroit est très touristique et il peut y avoir beaucoup de monde et surtout des groupes. Mais se balader sur ses sentiers qui longent la côte, parsemés de points de vue sur l’océan reste très agréable.

Tous les animaux rencontrés au Costa Rica feront l’objet du prochain article.
Cerise sur le gâteau, après 3 ou 4h de marche dans la moiteur ambiante de la forêt tropicale, on apprécie de se jeter dans les eaux claires de l’une des plages du parc.
Cela dit, si vous avez déjà fait une ou deux réserves auparavant, comme Monteverde par exemple, Manuel Antonio ne mérite pas qu’on s’y arrête. Il vaut mieux consacrer 2 jours en poussant jusqu’au Parque Nacional Corcovado dont tous les voyageurs reviennent enchantés.




Jaco
On a entendu beaucoup de choses sur Jaco avant de s’y rendre. A la fois fief des Américains depuis des années (ah bon, plus qu’à Tamarindo ??) et destination privilégiée des Ticos, offrant les plages du Pacifique à seulement 100 bornes de la capitale.
C’est clair qu’en arrivant, on peut observer d’énormes hôtels voire une “ville“ à Playa Herradura, composée de plusieurs resorts, d’appartements, de parcours de golf, d’une marina avec des bateaux de pêche ressemblant à des yachts !
A Jaco même, c’est davantage grandeur et décadence avec de nombreuses constructions impressionnantes qui n’ont jamais été achevées, faute à la crise de 2008, qui font ressembler les faubourgs à une ville fantôme !
L’artère principale, l’Avenida Pastor Diaz est toujours bondée de touristes écumant les boutiques de souvenirs, les surf shops, les bars et les restaurants proposant toutes les cuisines du monde. En empruntant les calle perpendiculaires et en marchant à peine 200 m, on découvre le large bandeau de sable qui s’étend sur près de 3 km.
Adèle nous a trouvé un petit hostel, Casa Jungla, tenu par des Argentins tout au sud de la plage. Encore une fois, l’ambiance est très sympa et on fait immédiatement connaissance avec les autres hôtes de l’établissement autour de l’unique et grande table de la cuisine. Des Autrichiens, des Suisses, des Français et des Canadiens qui partagent naturellement nourriture, bière et guaro.
Le guaro est un alcool local dont le goût ressemble furieusement à la vodka mais en plus doux ; frappé, ça se boit comme du petit lait après un bon petit repas…
Dans cet établissement le wifi est inutile ! Les voyageurs restent autour de la table à échanger leurs expériences et il n’est pas rare de finir dans la tonnelle au fond du jardin pour refaire le monde jusqu’à très tard.
Sinon pour le surf, c’est l’idéal et c’est bien la première fois que je peux rejoindre à pied la plage avec ma board sous le bras. A cette saison, l’eau est super chaude, le soleil tape fort et difficile pour Adèle de rester faire bronzette plus de 2h, le temps que je m’acharne sur ma planche.
A quelques km plus au sud, on trouve Playa Hermosa, une plage encore plus large où les rouleaux énormes déferlent à une fréquence hallucinante pour le plus grand bonheur des (bons) surfeurs qui enchaînent des séries infinies.

Montezuma

Pour y accéder on peut soit emprunter le ferry à partir de Puntarenas, soit faire tout le tour du Golfo de Nicoya par la route. Si le premier est beaucoup plus court en km, il est tout aussi long en temps de trajet si on tient compte de l’attente pour embarquer sur le bateau. Pas de réservation à l’avance, les véhicules font la file et suivant la fréquentation, on peut y passer une bonne partie de la journée.
La route n’est pas une partie de plaisir non plus et il y a 20 km de piste cabossée comportant de grosses pierres qu’on ne distingue pas toujours dans l’ombre des arbres ou avec le soleil dans les yeux. Malgré ma vigilance, notre Toyota Yaris en gardera quelques traces et aura le droit à un nouveau coup de peinture sur le pare-choc avant !
Une fois à Montezuma, on découvre à nouveau un endroit unique, à l’atmosphère bien particulière. Le village est ultra petit et il fait bon séjourner là-bas quelques jours sans déplacer sa voiture. Les racines hippies des lieux perdurent et on croise dans les trois minuscules rues du “centre“, des surfeurs, des rastas, des babas cool et autres disciples du yoga. Au nord de la plage, plusieurs tentes sont dressées sous les arbres entourées de vieux 4×4 et de combi VW aux plaques d’immatriculation provenant de toute l’Amérique Latine. En continuant, un sentier d’environ 2 km traverse un parc protégé pour arriver jusqu’à Playa Grande, idéale pour le surf mais aussi pour se baigner dans une eau un peu plus calme, du moins au bord.

En fin d’après-midi, tout le monde se retrouve sur la Playa Montezuma pour assister au coucher de soleil. Certains restent sur la plage après le crépuscule, allument un feu et descendent quelques bières tout en jouant de la guitare. D’autres vont remplir les bars qui poussent le son pour l’happy hour et on entend les bass au loin. Devant les restos, des petits groupes se forment. On y entend tous les langages, on y voit tous les âges. Les locaux sont toujours curieux de faire de nouvelles connaissances. Chacun raconte sa journée. Les odeurs de cuisines qui démarrent leur service se mélangent aux émanations des “cigarettes qui font rire“ ! C’est ça, l’ambiance de Montezuma…

La nature est omni présente et l’hostel Luna Llena situé sur les hauteurs est une réserve animalière à lui seul. A toute heure de la journée, on y croise capucins, coatis, iguanes, oiseaux et des bestioles qu’on n’a pas réussi à identifier !

Tous les animaux rencontrés au Costa Rica feront l’objet du prochain article.


Niveau ballade, Montezuma dispose d’un impressionnant ensemble de 3 cascades. On accède relativement facilement à la première, la plus grande ; les 2 autres nécessitent l’ADN de Spiderman pour arriver au sommet si on part du bassin inférieur. Pour les moins téméraires, il y aurait un autre chemin par le haut en empruntant la route qui grimpe dans les collines vers Cobano.

Onze km plus au sud, en empruntant cette fois sa voiture, on peut accéder à la Reserva Natural Cabo Blanco. C’est le plus ancien parc protégé du Costa Rica, créé en 1963 par un couple de Scandinaves se battant contre la déforestation de l’époque au profit du développement agricole. Nicholas Olof Wessburg paya d’ailleurs de sa vie leur lutte pour préserver ce patrimoine naturel, que sa femme poursuivit jusqu’en 1994.

Trois sentiers sont proposés dont le plus long de 4 km qui nous emmène jusqu’à l’extrémité sud de la péninsule de Nicoya. La marche n’est pas facile et 2h à travers la forêt primaire sont nécessaires sur des sections parfois assez raides et accidentées pour arriver enfin à une plage de sable blanc.

On a qu’une seule envie : enlever nos fringues techniques trempées de sueur pour se glisser dans un maillot de bain et courir se rafraîchir dans les eaux turquoises. C’est à peine si on fait attention à la multitude de singes qui font le spectacle dans les arbres à l’orée de la jungle qui borde la plage. En pensant qu’il faut à nouveau traverser la jungle pour refaire les 4 km dans l’autre sens, cela donne envie de rester encore quelques minutes sur cette plage sauvage et paradisiaque.

A l’opposé de Montezuma, sur la côte ouest, on trouve la plage de Santa Teresa. Il n’y a que 20 bornes qui les séparent mais la piste qui y mène nécessite bien 45 minutes. On arrive tout d’abord à Playa Carmen et en remontant l’unique route vers le nord, on atteint Playa Santa Teresa, un véritable petit paradis pour les surfeurs. Ici, on peut surfer à n’importe quelle heure de la journée et malgré la fréquentation de ce spot réputé, la plage est tellement large qu’on est loin de se disputer les vagues.

Nosara
Comme bien souvent au Costa Rica, on a dû mal à savoir si on est arrivé à bon port. La signalisation est aléatoire ou masquée par la végétation et difficile de déterminer où commence et où finit un village. A Nosara, il y a bien un “centre“ regroupant, autour de la piste d’atterrissage, restaurants et bars mais l’intérêt est ailleurs. Tout le long de la côte, on trouve des petits bleds animés qui découpent en tronçon les larges plages qui s’étendent sur plusieurs km. On a ainsi Playa Guiones, Playa Pelada et plus au nord Playa Ostional. Les hébergements offrent un éventail de choix et de confort, les restaurants branchés côtoient les sodas et on trouve l’essentiel dans les “mini super“ perdus au milieu des surf shops.

L’accès est assez facile depuis Nicoya, même pour notre berline, mais les dernières 20 bornes de piste nécessitent une certaine vigilance avec ce type de véhicule. Nosaraest pourtant déjà bien développé, touristiquement parlant, mais paradoxalement une route bitumée n’a jamais été construite. Les mauvaises langues prétendent que ce sont les premiers Américains, installés ici il y a bien des années, qui feraient du lobby aux autorités pour ne pas développer le réseau routier et voire affluer encore plus de vacanciers…

On a posé nos sacs à dos à Guiones. Nul besoin de voiture si on se contente des produits disponibles à la supérette et de surfer sur la même plage. Mais quelle plage !! Ultra large, des bonnes vagues quelque soit la marée, il faut juste prévoir la dose de crème solaire car il n’y a aucun palmier pour faire un soupçon d’ombre. Ça cogne fort et difficile encore une fois de faire la crêpe sur le sable plus de 2h.

Pour notre hébergement, Adèle a réservé au 4YOU Hostel où l’on fait la connaissance des heureux propriétaires suisses, Carole et Marco. Il y a plus de 20 ans, lors d’un voyage en Amérique Latine, ces derniers sont arrivés à Nosara, après que leur voiture resta coincée dans un rio ! Bloqués sur place, ils ont attendus 6 mois la réparation de leur véhicule, qu’ils ont fini par vendre et utiliser la somme pour acheter leur premier terrain…
Inutile de dire qu’on recommande l’établissement qui offre des dortoirs, des chambres semi privatives et des bungalows individuels. On s’y sent comme chez des amis, c’est à dire très bien et il n’est pas étonnant de rencontrer des globetrotters initialement là pour une semaine mais qui, au bout de 2 mois, n’ont toujours pas refait leur paquetage !

Un peu plus au nord, Playa Pelada est une petite crique entourée de rochers. Des petits bateaux de pêche reposent sur le sable, l’atmosphère est toute particulière et on se croirait dans un pueblo typique de pêcheurs au Mexique ou à Cuba. Il y a 3 ou 4 restaurants mais surtout plein de gens qui discutent à l’ombre des palmiers et tout le monde semble se connaître.

Notre tour le long de la côte Pacifique s’achève et il est temps pour nous de remonter vers le nord. Pendant plus d’un mois, on a découvert des endroits encore différents mais toujours aussi charmants et qui possèdent leur propre identité. Les rencontres que l’on a faites nous ont ramenés quelques mois en arrière lors de notre TDM. L’ambiance conviviale des hostels ou de certaines locations nous a définitivement convaincu qu’on adorait cette manière de voyager. A se demander s’il est nécessaire d’acheter un guide avant d’aller dans un pays inconnu ! D’une part parce qu’il y en a toujours quelques exemplaires dans pratiquement toutes les langues dans ce type d’établissements. D’autre part, il vaut mieux parfois échanger avec les autres globetrotters ou bien les propriétaires des lieux qui ont en général eux aussi bien bourlingué avant de poser leur sac à dos !