10-15/3.
Pour notre dernière étape au Nicaragua, on a choisi de revenir sur la côte Pacifique. Je n’ai plus fait de surf depuis un mois et un peu de sport me ferait le plus grand bien. San Juan del Sur n’est pas un spot de surf mais il y aurait, à priori, au nord et au sud de la bourgade des vagues qui se lèvent… un peu.

On y arrive très facilement en prenant un “chicken bus“ depuis Rivas. Celui qui nous emmène restera définitivement notre transport en commun le plus antédiluvien de tout notre voyage. Le problème des anciens cars scolaires est que la place aux jambes est calculée pour la morphologie d’un enfant de 10 ans et pas forcément pour une grande gigue d’1m90. Heureusement le trajet n’est pas long même si dans certaines montées, j’ai vu des vélos nous dépasser !!

Une fois sur place, on repère le chemin pour rejoindre notre hostel, le Buena Onda, tenu par Baba un Français. Il n’est pas loin de 16h et il fait encore très chaud quand on traverse la place centrale devant l’église pour arriver à l’entrée du barriooù se trouve notre hébergement. Le quartier est populaire, les enfants jouent dans la rue avec ce qu’il reste de la carcasse d’un ballon, au milieu des poules et des chiens affalés dans un coin ombragé. On pourrait s’être trompé de direction mais les quelques hostels bon marché et les chambres à louer qui parsèment le parcours me font penser qu’on est bon.
Après un faux plat qui avait déjà valu sa petite suée, la montée devient bien raide et nos backpackspèsent sérieusement sur les épaules et les hanches. Après 300 m, les escaliers qui mènent à la maison principale nous mettront définitivement KO et après les présentations d’usage avec le propriétaire, on s’empresse de lui acheter 2 bières fraîches !!
L’endroit est plutôt sympa. La vue immédiate sur les toits du quartier est moyenne mais on n’y prête que peu d’attention car notre regard est immédiatement attiré par la baie et le rocher en face avec à son sommet le Jesus de la Misericordia. Notre chambre est propre et on dispose d’un énorme lit king size de 2×2 m. La SDB, toute habillée de bambou est aussi soignée, 2 bémols cependant : le toilette est disposé en face du mur avec de la place pour un cul-de-jatte ou peut-être un enfant de 10 ans, celui-là même qui a servi d’étalon pour les bus scolaires. Et par ailleurs, la douche n’a pas de rideau et une large ouverture dans le mur juste en face du pommeau laisse s’engouffrer le vent balayant le peu d’eau qui en coule, un peu partout dans la SDB sauf dans le bac à douche !! Mais rien de bien fâcheux, une moustiquaire atténuera sûrement le problème et pour les WC, Adèle me conseille la position dite « chez le gynéco » pour éviter de s’esquinter les genoux sur le crépi du mur !
La moustiquaire à poser dans l’ouverture de la SDB éviterait également un autre incident dont j’ai été victime en plein milieu de la nuit. Je fus d’abord réveillé vers 2h du mat’ par le jeune couple d’à côté qui rentrait de soirée passablement éméché et par les gémissements et les claquements de cuisses qui s’en suivirent !!! Le bambou c’est sympa, mais question isolation phonique, c’est moyen quand même. Après 1h d’une mission qui semblait laborieuse à tel point que j’ai failli me lever pour donner un coup de main (…), notre Roméo a enfin réussi à satisfaire sa douce et le calme est revenu.
Le sommeil commençait doucement à m’envahir quand soudain, je sens quelque chose tomber sur le drap. Une fois, deux fois, puis encore et encore. J’allume la lumière et quelle ne fut pas ma surprise de voir une chauve-souris s’envoler au-dessus de la paroi qui sépare la chambre de la SDB. J’observe le bas du lit et je constate que cette saleté de bestiole a fait des “batcrottes“ sur le drap, le constellant de taches noirâtres. Bor*** de put*** de me***, je me suis fait chié dessus par une chauve-souris !!! Le pire est qu’avant de nous coucher, Baba nous en avait parlé à demi mot, en conseillant de laisser la lumière allumée toute la nuit dans la SDB. Comme je ne pouvais me résoudre à gaspiller inutilement de l’énergie, je n’avais pas suivi ses directives. Mais c’était bien la seule fois.
Le lendemain, Adèle et moi sursautons dans notre lit vers 7h30. La cause : de la musique latino à un tel volume qu’on a l’impression d’être à un concert. Furieux et manquant cruellement de sommeil, je sors de la chambre croyant que c’est Baba qui a mis en route sa chaîne hifi disposée juste derrière le mur (en bois) de notre chambre. Mais non, le boucan d’enfer provient d’un voisin en contrebas qui doit avoir un soundsystem monstrueux pour cracher autant de watts avec un son que je dois reconnaître très correct pour une fois. L’anglais qui occupe l’une des chambres depuis déjà 3 mois me regarde l’air dépité et m’affirme que ça arrive parfois… mais pas tous les jours, se veut-il rassurant. Ben, j’espère bien parce qu’après le livesex des 2 jeunes, la colique de la chauve-souris et Nicky Jam à fond comme s’il performait sur le palier, je suis plutôt motivé à changer de crémerie. Ce serait bien la première fois en 16 mois de voyage !!
Mais fort heureusement, durant les jours suivants, les jeunes se sont couchés hyper tôt et ils n’ont jamais remis le couvert, la chauve-souris n’est jamais revenue et notre DJ de voisin n’a jamais réitéré son opération musique pour tous ! Il reste les chiens qui hurlent toute la nuit et le concerto de coqs vers 4h dont certains n’ont pas encore mué ou ont chopé un mal de gorge carabiné, à moins qu’ils n’abusent du whisky car oui, j’ai entendu le coq Joe Cocker, sans aucun vilain jeu de mots !
Sinon que dire de San Juan del Sur ? Le lieu est réputé balnéaire avec une large baie en forme de fer à cheval avec une eau turquoise qui vient tremper le sable doré. C’est absolument vrai ! Sauf que le vent de terre est tellement fort à cette époque de l’année qu’il n’y a absolument personne sur la plage qui se risque à se faire fouetter par le sable ou à voir s’envoler son paréo.
Un spot de surf ? Il y a effectivement quelques shop en ville et on aperçoit pas mal de gars avec une board sous le bras. Mais ils sont juste “en transit“, entre leur hébergement et la navette qui les emmène vers un spot qui bouge un peu plus. Car à San Juan, c’est plat de chez plat !
Il y a deux plages fameuses, Playa Madera au nord et Playa Hermosa au sud. On opte pour le sud et on chope une shuttle (8$/pers pour l’A/R) pour y passer la journée. Déception en arrivant, c’est marée basse et le vent est toujours aussi puissant. La plage de sable blanc est effectivement super longue et sauvage mais les vagues, petites et fermantes, me dissuadent de louer une planche, je suis dégouté. On se pose à côté du bar/restaurant où l’on dispose de sièges, un peu à l’abri du vent, et on fait bronzette jusqu’en fin d’après-midi.
Le vent ne faiblira jamais durant notre séjour à San Juan del Sur et je ne ferai finalement jamais de surf. La ville est super fréquentée par les Américains et les Canadiens et on a l’impression de se retrouver à Tamarindo ! Cela se ressent d’ailleurs dans les tarifs des restos, les prix sont davantage ceux du Costa Rica que ceux qu’on a pu constater dans le reste du Nicaragua. Il y a moult bars et restaurants sur le front de mer et difficile de passer devant un établissement sans se faire alpaguer par un serveur. Un soir, on a même fait nos Russes : on est rentré dans un resto du centre, on a demandé deux bières et quand le serveur nous a annoncé le prix, on s’est levé et on est parti !! No soy un gringo, amigo : 55 cordobas pour une binouze que tu achètes 15 au “mini super“ et entre 25 et 30 dans les restaurants honnêtes.

La marche jusqu’au Jesus de la Misericordia est à faire. D’une part parce que ce sera le seul sport de notre séjour et d’autre part elle offre une vue splendide sur la baie et les environs. Durant la montée, on prend plaisir à découvrir de gigantesques villas quasi toutes inoccupées. Outres les maisons individuelles, il y a déjà quelques “condos“ au style plus ou moins harmonieux avec le reste du paysage. En tout cas, toutes les constructions profitent d’une vue fabuleuse.

Une fois au sommet, Adèle a du mal a rester sur place tellement le vent est fort, quant à moi j’ai du mal à stabiliser mon reflex pour prendre une photo ! Le “Jesus“ n’est pas aussi impressionnant que le Cristo Redentor de Rio de Janeiro mais culmine tout de même à 26 m, ce qui le place parmi les plus grands d’Amérique Centrale.
Pour notre dernier jour au Nicaragua, le vent n’a toujours pas daigné se calmer et plutôt que de tenter une autre plage où j’aurai fulminé de ne pas pouvoir faire de surf, on a préféré se rafraîchir au O’Sheas. Ce restaurant irlandais paumé dans les montagnes organise des navettes gratuites depuis le centre, seul moyen de faire venir des clients qui n’ont pas de voiture de location. Les collines arides qui nous entourent nous protègent du vent et on passera l’après-midi autour de la piscine. Ce n’est pas vraiment ainsi qu’on voyait notre dernier jour dans le pays mais on repense à tous les autres endroits qu’on a appréciés et ça nous laisse tout le loisir d’entamer un premier bilan.
Le Nicaragua est définitivement une bonne surprise et on regrette presque d’avoir passé autant de temps au Costa Rica avant de venir ici. D’autant plus que notre “planning“ d’exploration du Panama, notre prochain pays, nous empêche de rester davantage. Avec 1 ou 2 jours grattés sur San Juan del Sur, on aurait pu remonter vers Rivas et de là rejoindre le sud du Lago de Nicaragua afin de prendre un bateau pour l’Ile d’Ometepe.

Le pays est déjà bien connu des routards mais il s’ouvre à peine à un nouveau type de clientèle qui l’imagine encore sous-développé et peuplé de guérilleros armés de kalachnikov résistant à un infâme dictateur ! Il est très facile d’y voyager que ce soit en transport public, en shuttle privée ou avec une voiture de location. Il y a toutes les gammes d’hébergement et les activités sont tout aussi nombreuses et diversifiées qu’au Costa Rica avec comme cerises sur le gâteaux, une histoire et une culture passionnante et un coût de la vie sur place bien moins onéreux. Si vous prévoyez de partir 2 semaines au Costa Rica, faites une incursion au Nica de quelques jours à Granada et sur les îles du Lago Cocibolca avant qu’il ne soit traversé par des porte-conteneurs de 450.000 tonnes, enfin peut-être…